Un Jour l'amour m'ouvrira t-il sa porte? [¤LIBRE A TOUT LES ETALONS!¤]

J'avais vu juste. Même si cette jument avait l'air sympathique, elle m'a quand même répondu comme si j'étais un déchet ! Je lui fit un beau sourire, mais pas beau à la faire tomber par terre, c'était encore trop tôt. Eh oui, quand il s'agit de draguer les demoiselles, il ne faut pas le faire n'importe comment ! Prenez-en de la graine, les p'tits jeunes x). Je détaillai la dénommée Evengelyone des oreilles aux sabots ; qu'est-ce qu'elle était jolie ! Elle avait beau avoir une robe simple et courante, elle était quand même très, très belle. Mais, ne croyez pas que mon charme irrésistible était surpassé par le sien ! Je suis parfait. Je le sait. Tout le monde le sait, même cette Evengelyone qui se trouve là, devant moi.

Aussitôt, je pensai à une jument grise, une jument que j'avais rencontré auparavant... Winter Storm. La première jument dont j'étais tombé amoureux, ma première histoire. Maintenant, bien sûr, cette histoire est finie, terminée, point barre. Mais j'aimerais quand même voir si elle va bien, si elle a refait sa vie ou si, au contraire, son coeur battait encore et désespérément pour moi. J'espère qu'elle a choisi la première option. Je n'aimerais pas la voir souffrir.

Revenons au présent. Donc, j'observai les jolis yeux marrons de la jument, puis je choisis l'une de mes techniques pour voir si, à première vue, elle m'aimait bien quand même. J'appelais ça "le galant timide" :

"Je vois que je dois vous importuner. Si vous voulez, je peux très bien partir et..."

Je laissai ma phrase en suspens, feignant de partir. Si elle ne voulait pas me voir partir, je m'estimerais heureux. Sinon, tant pis, j'aurais tenté ma chance...

Ah, voilà qui est mieux ! Je revins vers la jument, arborant encore mon superbe sourire. Je me demandais pourquoi elle disait qu'elle reprenait goût à la liberté et à la vie. Visiblement, Evengelyone n'était pas comme les autres et semblait avoir une double personnalité. Voilà un cas intéressant qui mérite d'être étudié par le docteur Cora' ! Comment ça, j'ai l'air débile en disant ça ?! Non mais, si vous ne m'aimez pas, vous avez qu'à partir hein ! Je m'aperçus aussi qu'elle m'avait tutoyé. Moi, je l'avais vouvoyé car c'était une habitude avec les juments, qui étaient en majorité sensibles à la politesse.

"Très bien, alors je reste !"

Soudain, à ma grande surprise, Evengelyone eut un comportement des plus singuliers, ce que certains appellent "péter un câble". Elle galopa comme une folle, rua, se cabra. Bien que je trouvais ça drôle, je fus surpris de voir à quel point ses courbes étaient harmonieuses. On aurait dit que ruer, se cabrer et piquer un sprint ne lui demandait aucun effort. Evengelyone était, pour moi, mignonne et élégante. Elle avait l'air aussi très gentille, il devait être facile de se lier d'amitié avec elle ! Si elle avait un étalon, alors celui-ci avait de la chance !

"Je suis aussi enchanté de faire ta connaissance, Evengelyone." lui répondis-je de ma douce voix mélodieuse accompagnée d'un sourire charmeur.

[Ok =) ]

Je regardais la jeune jument se défouler. Je souriais toujours avec mon sourire si particulier qui faisait chavirer le coeur de ces dames. Un sourire qui n'était ni trop grand, ni trop timide, juste à la bonne taille. Mais oui, il y a des tailles pour les différents sourires ! Par exemple, pour montrer sa joie, les commissures des lèvres remontent jusqu'aux oreilles ! Je commençai à caracoler autour de la jolie Evengelyone, en levant bien mes jambes, la tête haute et la queue en panache. Mais à première vue, cette demoiselle avait beau être gentille, çaa ne voulait pas dire qu'elle était idiote à se pâmer devant des beaux étalons comme moi ! Mmmm... Quelle était la tactique à adopter ?

Lorsqu'elle s'arrêta, on aurait dit que ses sabots avaient soudainement été cloués au sol. Le nuage de poussière qui s'était formé derrière elle ne devint plus qu'une légère brume, pour enfin s'effacer. Je frappai le sol de mes antérieurs. Je décidai d'attendre un peu. Il fallait se montrer patient avec les juments. On ne sait jamais quand elle va tomber sous le charme. Ne vous avais-je pas déjà dit que j'étais un professionel ? Bien que je ne sois plus une sale fripouille, j'avais quand même gardé ce don pour gagner le coeur des femelles. Lorsqu'Evengelyone s'excusa, j'inclinai la tête respectueusement puis lui répondit :

"Ce n'est rien... Et puis, ça ne fait pas de mal de se défouler, parfois !"

Je broutai un peu d'herbe, celle-ci était bonne et grasse et je n'en demandai pas plus ! Cette terre était vraiment un paradis. Je me demandai s'il y avait d'autres belles juments dans le coin... Sinon, tant pis ! De toute façon, notre jolie planète est grande et j'ai toute la vie devant moi ! Et puis, qui sais, peut-être que la belle Evengelyone se décidera à tomber sous mon charme dévastateur... un jour... peut-être...

Je la regardai et me rendis compte qu'elle aussi cherchait à me draguer ! Ah, d'accord ! Je suis un imbécile. Comment ais-je pu l'ignorer ? Un pro comme moi venait de se faire ridiculiser par une jument ! Ah là là, mais quel monde alors... Bon, allez, je vais redresser la barre ! J'acceptai poliment l'invitation de l'alezane puis marchai d'un pas énergique, même si ce n'était qu'une petite balade. Je l'observai, me demandant ce que je vais lui demander en premier... Ah ! Trouvé ! Très important, ça : je vais lui demander ses goûts et ses dégoûts. Comme ça, quand j'aurais obtenu ces informations, ce sera plus facile...

"Eh bien, puisque nous devons nous connaître... Quels sont tes goûts et tes dégoûts ?" lui demandai-je avec une certaine assurance.

J'écoutai attentivement la réponse de l'alezane. Elle aimait les étalons gentils mais pas ceux qui se vantent... Ayé, c'est un problème, parce que je suis dans les deux classes à la fois ! Bon, bah on va faire avec... Les poulains ? Ahaa, ça devient intéressant ! On ne sait jamais... Peut-être, un jour... Mais, je viens juste de la rencontrer, ne pressons pas ! Ah là là, les spectateurs, ils sont toujours pressés... Et dès que le moment qu'ils attendent arrive, ils sont déçus ! Vous êtes si compliqués, les gens... Bref, passons. Toujours le sourire aux lèvres, je réfléchis. Comment lui faire plaisir ? Evengelyone était vraiment compliquée ! Vint mon tour de parler :

"J'aime bien charmer, les belles juments comme toi, la liberté, mon fils qui croit être mon frère et mes amis. Par contre, les humains, les sadiques, les idiots m'écoeurent."

Je m'aperçus que j'avais dit une bêtise : mon fils qui croyait être mon frère. Requiem. Allait-elle me demander pourquoi et comment ? Cette partie de mon histoire n'avait pas un aspect très catholique, parce que j'avais fait des choses pas très propres avec ma mère. Elle s'est laissée draguer, cette idiote, est tombée sous le charme du vaurien que j'étais et je l'ai saillie. Et il naquit, ce superbe poulain, Requiem. J'aimerais le retrouver, pour lui dire ce que j'ai fais. Mais j'ai peur. Comment réagira-t-il ? Me pardonnera-t-il, ou me haïra-t-il ? Je méritais la seconde option, c'était sûr. Je regardai la jument alezane. Elle devait lire dans mes yeux la peur qui s'y reflétait.

Je me mordis la lèvre. Allait-elle être déçue alors qu'elle ne le devais pas ? Eh non, je ne suis pas amoureux de ma propre mère, mais je pense qu'il était inutile de le préciser, n'est-ce pas ? Et voilà qu'elle me pose la question que je redoutais le plus au monde ! Ayé, ça se gâte... Que vais-je lui répondre ? La vérité ? Mais après, elle me considérera comme un pauvre dégueulasse -excuser mon language - !! Bon... Le tout est de bien choisir mes mots. Je lui répondit sans reprendre ma respiration, d'une seule traite :

"Eh bien, en fait c'est une longue histoire... Vois-tu, quand j'étais jeune, j'étais vraiment une fripouille, un vaurien qui aimait séduire, manipuler et faire souffrir les juments. Et voilà que l'idée me prit d'aller draguer ma mère ! Si, c'est vrai ! Et alors, je la dragua, et elle se laissa saillir... Et eut un poulain qui est à la fois mon fils et mon frère... C'est un peu bizarre... Mais je te rassure, même si j'aime bien draguer, je ne suis plus ce que j'étais."

Je crois et espère que ça lui suffira. J'étais mal à l'aise mais ça me faisait du bien d'en parler à quelqu'un. Et puis, j'avais une entière confiance envers Evengelyone, j'étais presque sûr qu'elle ne divulguerait rien à personne ! Sinon, quelle réputation j'aurais ! Tout le monde me regarderait de travers et ce serait affreux ! On utiliseait mon nom pour effrayer les petites pouliches... Cette pensée me faisait frissoner.

Ca y est. Elle est jalouse. Mais quel crétin ! Franchement, plus imbécile que moi, tu meurs ! Eh, mais attendez... si elle est jalouse, ça veut dire que... qu'elle m'aime ?? On dit souvent que la jalousie n'est pas seulement un défaut, mais aussi une preuve d'amour dans certains cas. Et c'était le cas aujourd'hui, je crois. Pourtant, elle n'avais pas de raison d'être jalouse de ma mère, qui est vraiment une idiote ! Et moi, j'en ai hérité. J'étais un parfait idiot, un imbécile qui ne penses qu'à frimer et saillir. Un frisson me parcourut le corps. Maudit sois-je !

Soudain, Evengelyone, poussée par ce mélange de passion et de colère, la jalousie, me demanda de la saillir. Mais je savais bien qu'elle ne pensais pas ce qu'elle disait. Enfin, j'espère ! Parce que, moi, je n'avais pas envie de la saillir. J'étais dégoûté. Dégoûté de moi-même. Mon instinct d'étalon me poussa à la saillir, ce que je sais si bien faire, comme elle dit ! Mais je n'avais pas envie. Pas avec elle, qui me semblait trop précieuse. Deux voix se disputèrent dans ma tête :

Eh bah, qu'est-ce que t'attends ? La St Glinglin ?
Mais... Je ne peux pas !
Elle le veut !
Mais c'est trop tôt ! On vient à peine de se rencontrer !
Et alors ? Tu veux lui faire plaisir, oui ou non ?
Elle ne pense pas ce qu'elle dit !
Si, elle le pense ! Elle en a toujours rêvé ! Elle veut avoir des gosses, alors respecte son désir !
Mais je ne peux pas !
Pff, t'es vraiment un trouillard... Et en plus, c'est pas la première fois que tu te dégonfle !

Non, ce n'était pas la première fois. La première fois, c'était avec Winter Storm. Je n'ai jamais voulu avoir de poulains avec elle. Peut-être avais-je peur d'être père ? Je considérais aussi Requiem comme mon frère, et je... Oui, voilà. J'ai peur. C'est le mot. Ne vous moquez pas ! Tout le monde a le droit d'avoir peur ! Je répondis à Evengelyone, mal à l'aise :

"Ecoute, Evengelyone. Je tiens beaucoup à toi, mais tu vois... Comme je te l'ai déjà dis, j'ai changé. Et puis, quand je saillissais des juments, je ne les aimais pas, ça ne me faisait rien. Il y en a une autre que je n'ai jamais voulu saillir, parce que je l'ai aimé. Notre histoire est finie désormais, mais je ne peux pas... Je ne veux pas te considérer comme une machine à saillir. Plus tard, peut-être... Traîte moi de trouillard si tu veux, je sais que je mérite cette insulte."